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cées, de nénuphars, de plantes aux fleurs vives et délicates qui charment d’autant plus l’œil que le sous-bois et la prairie sont moins richement dotés. Ces sortes de marais ne sont ni une fatigue, ni un ennui, ni un obstacle pour le voyageur.

L’herbe courte et fine rappelle nos belles prairies de France, et si nos yeux, charmés au souvenir gracieux tout-à-coup évoqué de la patrie absente, y cherchent en vain les touffes de blanches pâquerettes et les brillants massifs de boutons d’or, du moins y trouvent-ils le lis blanc et le nénuphar jaune, presque semblables aux nôtres. Le sol dur permet une marche rapide. Il n’y a point de bourbier vaseux dans lequel on enfonce et dont les émanations sont si souvent dangereuses.

Les marécages, dans les parties basses des vallées, sont formés par des dépressions que les rivières débordées remplissent, ou par de simples prairies inondées. Elles sont couvertes d’herbes de plusieurs mètres de hauteur, véritables nids à embuscades, où le voyageur est à la merci du naturel et peut être sagayé par un ennemi invisible.

Dès les premières pluies, les sentiers y deviennent impraticables, les fondrières énormes et dangereuses, les vases fétides. La saison des pluies