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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Capitale de la Nouvelle-France : ce titre avait noble allure et pouvait en imposer de loin aux Français d’Europe. Même à nos yeux, lorsque nous ne serrons pas de trop près la vérité historique, de prime abord il ne laisse pas que d’amplifier un peu la réalité qu’il recouvrait. Cette réalité était bien humble. Québec n’était alors, à tout prendre, qu’un bourg peu considérable. Sa population régulière pouvait être de 550 âmes, et le nombre de ses maisons ne dépassait pas soixante-dix[1]. Il y avait la Basse-Ville et la Haute-Ville comme aujourd’hui. La Haute-Ville était surtout habitée par les fonctionnaires, le clergé et les communautés. Dans la partie basse de Québec, au pied du promontoire et sur le bord du fleuve, l’on rencontrait les boutiques des marchands et le plus grand nombre des résidences particulières. Là se faisait tout le commerce et s’élevaient les entrepôts et les magasins de la compagnie et du roi. De la ville basse on montait à la haute par un chemin sinueux et escarpé, qui aboutissait, d’un côté, à un édifice en pierre servant à la fois de presbytère, de séminaire et d’évêché, ainsi qu’à l’église paroissiale et à la grande place, de l’autre, à la place d’armes et au château Saint-Louis, situé à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’extrémité est de la terrasse Dufferin. À main droite, en montant cette côte, sur le penchant du cap, on rencontrait le cimetière, et, plus haut, à main gauche, un peu avant d’arriver au fort et au château, on longeait le fort ou camp des Hurons, où s’étaient réfugiés les débris de cette malheureuse nation, à peu près sur le site actuel des bureaux du Grand-Tronc et de l’Intercolonial, et de

  1. Histoire de l’Hôtel-Dieu, p. 172.