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JEAN TALON, INTENDANT

perception et l’énergie de l’exécution. Sa libéralité, sa bienveillance, son intelligente activité lui gagnaient l’admiration et la sympathie. Cependant l’ambition du progrès, le désir de faire vite l’induisaient peut-être parfois à franchir la limite de ses attributions, au risque de provoquer des froissements. Pour compléter cette courte esquisse, ajoutons que, parfaitement imbu des maximes de son époque et de son milieu, Talon, fervent chrétien, était un non moins fervent partisan de la suprématie de l’État dans les questions mixtes où les droits de l’Église étaient en cause.

Pour donner une idée de l’impression produite par ce remarquable triumvirat de Tracy, Courcelle et Talon, laissons parler une contemporaine : « Quelques jours après l’Assomption, trois navires vinrent mouiller devant Québec ; ils étaient chargés de bons effets, et portaient plusieurs compagnies et à leur tête M. de Salières, Colonel du Régiment ; enfin, le 12 septembre, la joie fut complète par l’arrivée de deux vaisseaux, dans l’un desquels était Monsieur Courcelle, Gouverneur Général, et Monsieur Talon, Intendant, et les dernières compagnies du régiment de Carignan, un troisième navire le suivit deux jours après, de sorte que cette Colonie ne s’était jamais vue dans une si grande abondance. Monsieur le Marquis était parfaitement content, tout concourait à le satisfaire, il ne cherchait qu’à procurer à tout le monde les secours qu’on pouvait espérer de lui ; il était servi avec une grande splendeur. Monsieur de Courcelle avait aussi un magnifique équipage, et Monsieur Talon qui aimait naturellement la gloire n’oubliait rien de ce qu’il croyait faire honneur au Roi, dont il était un très zélé sujet. Ces trois Messieurs étaient doués