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JEAN TALON, INTENDANT

n’en aurait que cinquante défrichés, serait forcé d’en abandonner cent aux nouveaux colons, sous peine de voir confisquer toutes ses terres non encore cultivées. Un autre moyen moins rigoureux était l’ordre donné à Talon de faire préparer tous les ans trente ou quarante habitations pour y recevoir autant de nouvelles familles.

Le mémoire royal contenait un très beau passage sur la sollicitude que l’intendant devait témoigner aux habitants de la Nouvelle-France : « Le roi, y était-il dit, considérant tous ses sujets du Canada, depuis le premier jusqu’au dernier comme s’ils étaient presque ses propres enfants, et désirant satisfaire à l’obligation où il est de leur faire ressentir la douceur et la félicité de son règne, ainsi qu’à ceux qui sont au milieu de la France, le dit sieur Talon, s’étudiera uniquement à les soulager en toutes choses et à les exciter au travail et au commerce, qui seuls peuvent attirer l’abondance dans le pays et rendre les familles accommodées. Et d’autant que rien ne peut mieux y contribuer qu’en entrant dans le détail de leurs petites affaires et de leur domestique, il ne sera pas mal à propos qu’après s’être établi, il visite les habitants les uns après les autres pour en reconnaître le véritable état, et ensuite pour voir autant bien qu’il pourra aux nécessités qu’il y aura remarquées, faisant les devoirs d’un bon père de famille. » C’était là un langage, des sentiments vraiment royaux.

Le mémoire encourageait aussi l’intendant à favoriser le commerce et l’industrie, et promettait l’assistance de Sa Majesté par « l’ouverture de ses coffres. » Dans un autre ordre d’idées, Talon devait exciter les parents à bien élever leurs enfants, à leur inspirer la piété et la vénération des choses qui concernent la reli-