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JEAN TALON, INTENDANT

Mais continuons l’examen des instructions adressées à Talon. Louis XIV mentionnait la création et le peu de succès de la compagnie des Cent-Associés, qu’il avait forcée à se démettre de ses droits en 1663. Puis il prescrivait à l’intendant de bien établir l’autorité de la compagnie des Indes Occidentales, créée en 1664. Elle était l’œuvre de Colbert, de même que celle des Indes Orientales, et il avait déployé pour leur organisation une ardeur, une énergie et une persévérance extraordinaires. Son espoir était que ces associations donneraient un grand essor au commerce, feraient fleurir la marine et accroîtraient promptement la prospérité du royaume. La compagnie des Indes Occidentales avait été établie par un édit du mois de mai 1664. Le roi lui concédait la terre ferme de l’Amérique depuis la rivière des Amazones jusqu’à celle de l’Orénoque, les Antilles possédées par les Français, le Canada, l’Acadie, l’île de Terreneuve et les autres îles et terre ferme depuis le nord du Canada jusqu’à la Virginie et la Floride avec la côte de l’Afrique depuis le Cap Vert jusqu’au Cap de Bonne-Espérance. Cette concession était faite en toute seigneurie, propriété et justice. La compagnie était investie du droit d’établir des juges et officiers de justice, des conseils souverains, de choisir et désigner à la nomination royale les gouverneurs et fonctionnaires de ces colonies, de vendre ou inféoder les terres, de percevoir les cens, rentes et droits seigneuriaux, de construire des forts, de fabriquer la poudre, de fondre les boulets, de forger des armes, de lever des troupes, d’équiper des vaisseaux de guerre, sur lesquels elle pourrait arborer le pavillon blanc avec les armes de France. Elle s’obligeait à envoyer des ecclésiastiques