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JEAN TALON, INTENDANT

ouvrage vous était dû, Dieu vous ayant donné pour ce pays un amour particulier, qui sans doute ira croissant, lorsque vous aurez été plus amplement informé de la bonté et de la beauté de toutes nos contrées. C’est le sentiment commun de tous ceux qui vous connaissent que l’unique chose qui ait pouvoir sur votre esprit est de vous faire bien connaître qu’il y va de la gloire du roi et des intérêts de la France, et qu’ensuite on peut tout se promettre de vos soins et de votre crédit. Cela étant, j’ai cru, Monseigneur, que ce narré pourrait contribuer quelque chose aux inclinations que vous avez déjà de faire fleurir notre Nouvelle-France et d’en faire un monde nouveau »[1].

Comme on le voit, du fond de l’abîme où il se sentait mourir, le Canada ne cessait de pousser vers la mère-patrie ses pathétiques appels. Le Père Lalemant s’écriait dans la Relation de 1662 : « Le plus grand des monarques chrétiens ne souffrira pas que sa Nouvelle-France soit plus longtemps captive sous la tyrannie d’une poignée de barbares. » Le gouverneur écrivait des lettres pressantes. Mgr  de Laval passait en France, non seulement pour régler certaines difficultés, mais aussi pour solliciter des secours. Aux accents de toutes ces voix suppliantes, Louis XIV et Colbert comprenaient l’urgence de mesures énergiques, et ils se préparaient à agir.

La colonie avait déjà commencé à recevoir quelques

  1. — Cette dédicace était datée du 8 octobre 1663. Elle était adressée à « Monseigneur Colbert, conseiller du roi en son conseil royal, intendant des finances, et surintendant des bâtiments de Sa Majesté, baron de Seignelay, etc. » Le livre de Pierre Boucher fut imprimé à Paris, en 1664.