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DE LA NOUVELLE-FRANCE

En reconstituant sa vie, nous avons peut-être réussi à donner à nos lecteurs une compréhension plus juste et plus précise, non seulement de son œuvre spéciale, mais aussi des événements généraux à travers lesquels se déroula son existence. Homme du XVIIème siècle, fonctionnaire de cette monarchie absolue dont on doit signaler les fautes, tout en reconnaissant ses services et ses gloires, il méritait d’être étudié dans ses mobiles, dans son inspiration, dans ses principes de gouvernement et d’administration, aussi bien que dans ses actes. Nous n’avons pas voulu pallier ses erreurs, mais notre espoir serait déçu si, après avoir parcouru ces pages, nos lecteurs n’estimaient pas que Talon, en dépit de certaines faiblesses et de certains préjugés, fut un honnête homme, un bon citoyen, un éminent magistrat, un remarquable administrateur. Collaborateur de Louis XIV et de Colbert, d’un roi et d’un ministre justement illustres, il se montra digne de leur confiance et de leur choix.

Il avait de l’ambition, mais une ambition pondérée et contrôlée par l’amour du bien public. Il ne dédaigna pas d’agrandir sa situation et sa fortune, mais sans jamais recourir à des moyens incorrects et inavouables. Enfin sa vie privée fut sans reproche. Nous aimons à inscrire à la dernière page de ce livre le bel éloge que faisait de lui l’annaliste de l’Hôtel-Dieu. « Nous ne devons point passer sous silence, écrivait-elle, ses belles qualités ; celle qui doit tenir le premier rang est sa grande piété dont il donna d’éclatantes marques en plusieurs rencontres, tant par sa fidélité à servir Dieu d’une manière exemplaire, que par la confiance qu’il avait en la divine Providence à laquelle il attribuait