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DE LA NOUVELLE-FRANCE

avec sa fille Geneviève chez notre ex-intendant, son beau-frère. Nous voyons, par le testament de ce dernier, que des désagréments se produisirent entre eux, et qu’il lui pardonna généreusement les torts qu’elle avait pu se donner envers lui.

Talon possédait une belle fortune et menait évidemment dans sa résidence, rue du Bac, une vie large et digne de sa condition. Il avait auprès de lui un secrétaire, et tenait à ses gages un nombreux domestique : cocher, cuisinier, valet de chambre, outre plusieurs laquais. Des toiles de maîtres, des tapisseries de prix ornaient sa demeure.

Il aimait beaucoup sa famille. Sa vénération pour son père et sa mère, sa tendresse pour ses frères et ses sœurs, son affection pour ses neveux et ses nièces, éclatent dans les dispositions testamentaires qu’il rédigea le 29 avril 1694. On y trouve la manifestation de sa foi, profonde, de sa piété sincère, de son dévouement au roi, de son esprit familial, de sa charité et de sa munificence.

Qu’il nous soit permis d’en signaler spécialement un passage très caractéristique : « Comme tout ce que je possède, écrivait-il, vient des bienfaits et des libéralités du roi, particulièrement des deux charges de secrétaire de son cabinet et de premier valet de sa garde-robe, de même que ce que j’ai pu ménager dans les différents emplois dont il a plu à Sa Majesté de m’honorer, dès avant que je n’aie rien du bien de ma famille, et reconnaissant le droit qu’a Sa Majesté de disposer sommairement de tout ce bien, je veux et entends que ceux qui prendront quelque part à ce mon testament fassent connaître à Sa Majesté que je n’ai prétendu disposer d’aucunes choses que sous son bon plaisir, et s’il est que