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DE LA NOUVELLE-FRANCE

qu’il venait de retirer de la vente d’une de ses charges, et il ne lui fit jamais rembourser cette somme[1].

Un grand nombre d’Irlandais, d’Écossais et d’Anglais fidèles aux Stuarts, ayant suivi en France le souverain déchu, se trouvèrent bientôt dans une situation précaire. Ce fut notre ex-intendant que Louis XIV choisit pour leur distribuer les secours attribués à leur infortune ; il s’acquitta de cette noble tâche avec zèle et discrétion, et voulut y participer jusqu’après sa mort[2].

Ses qualités d’esprit et de cœur l’avaient désigné à l’estime particulière de Madame de Maintenon, qui était depuis 1684 l’épouse légitime du roi. Il devint bientôt le coopérateur de ses nombreuses œuvres charitables. On trouve dans son testament un émouvant souvenir de cette bienfaisante collaboration. « Je prends ici occasion, dit-il, de remercier très humblement Madame de Maintenon de tous les biens qu’elle m’a donnés et procurés de servir les pauvres, et de l’assurer que si Dieu me fait miséricorde, je le prierai de tout mon cœur de la combler de ses grâces, ce que je dois faire aussi et ferai ardemment pour le roi ».

Le poids de l’âge commençait à lui annoncer que sa vie était sur son déclin. En 1692, il se défit de ses emplois à la cour. Il vendit sa charge de premier valet de garde-robe à M. Quentin, sieur de la Vienne, pour une somme de 110,000 livres[3], et celle de secrétaire

  1. — Voir à l’Appendice le testament de Talon.
  2. Ibid.
  3. — « Quentin, frère de la Vienne, premier valet de chambre du roi, a acheté la charge de premier valet de garde-robe de M. Talon, il lui en donne 110,000 francs, et a la survivance pour son fils ». (Journal de Dangeau, vol IV, p. 75).