Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
480
JEAN TALON, INTENDANT

M. Talon avait dès lors renoncé vraisemblablement à toute idée de revenir au Canada. Les dernières années de sa vie s’écoulèrent à Versailles et à Paris. Lorsque ses fonctions auprès du roi ne l’appelaient pas à la cour, il demeurait en cette dernière ville, dans la rue du Bac[1], au faubourg Saint-Germain. Les charges de premier valet de garde-robe et de secrétaire du cabinet le mettaient en relation avec les personnes les plus élevées par le rang et par l’influence. Il devint même l’un des familiers du roi détrôné de la Grande-Bretagne, Jacques II, à qui la générosité de Louis XIV avait assigné comme résidence le château de Saint-Germain[2]. Ce prince lui accorda toute sa confiance, et Talon lui rendit d’éminents services. En 1692, au moment où Jacques II allait prendre la direction d’une armée réunie en Normandie, et destinée à opérer un débarquement en Angleterre, avec le concours de la flotte française commandée par Tourville[3], Talon lui prêta 50,000 livres

  1. Acte de ratification de la vente d’une propriété à la Basse-Ville à Eustache Lambert-Dumont, Paris, 26 juin 1688. — Il y est dit que Talon demeure rue du Barcq, quartier Saint-Germain des Prés, paroisse Saint-Sulpice. Sur un vieux plan du faubourg Saint-Germain, daté de 1642, nous lisons distinctement « rue du Barcq. » C’est la rue du Bac actuelle. (Voir Topographie du vieux Paris, Paris, Imprimerie nationale, 1882, vol. IV, pp. 151-152.
  2. — Jacques II fut renversé du trône en 1688 par son gendre Guillaume d’Orange. Il vint se réfugier en France et fut accueilli en roi par Louis XIV, qui résolut de mettre tout en œuvre pour lui rendre sa couronne.
  3. — Tourville, contrarié dans ses manœuvres par les éléments, et obligé de lutter contre des forces supérieures, subit une défaite à la Hogue, le 29 mai 1692, et l’expédition fut manquée.