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DE LA NOUVELLE-FRANCE

troisième fois, intendant de la Nouvelle-France ? Visait-il même plus haut, et aspirait-il au poste de gouverneur ? C’est fort possible, et cette ambition n’eût pas été exagérée[1]. Dans ce cas, il faudrait regretter davantage que sa malheureuse attitude sur la question de la traite de l’eau-de-vie eût jeté sur sa route un aussi sérieux obstacle.

Quoi qu’il en soit le projet d’hôpital général n’aboutit point[2], et Talon ne revint pas dans la colonie. Le souci de ses propriétés, et l’intérêt qu’il portait aux établissements qui avaient été l’objet de sa sollicitude, maintinrent cependant ses relations avec la Nouvelle-France. On conserve à l’Hôtel-Dieu de Québec plusieurs lettres dans lesquelles se rencontrent des témoignages de sa bienveillance envers cette communauté, qu’il avait toujours protégée spécialement. En 1684[3] il écrivait : « Il est juste de bien finir une année que j’ai si heureusement commencée et qu’ayant reçu durant tout son cours les fruits des pieux suffrages de vous, Madame, et de votre communauté, je vous en demande et à elle la continuation dans toute la suivante. Vous avez désiré que je fisse un partage de la gratification que le Roi a faite à l’Hôpital de Québec. J’ai d’autant moins

  1. — En 1672, Patoulet, secrétaire de Talon, avait écrit que celui-ci suppliait le roi de lui donner son congé, « ou de le laisser seul en ce pays-là ».
  2. — Il fut repris une dizaine d’années plus tard par Mgr de Saint-Vallier.
  3. — Cette lettre n’est pas datée, mais Talon y fait faire ses souhaits à Madame d’Ailleboust, qui mourut le 9 juin 1685. Il écrivait donc auparavant. Et comme il parle de la fin de l’année et du commencement de la nouvelle, nous avons lieu de croire que cette lettre est de décembre 1684.