Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/486

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
475
DE LA NOUVELLE-FRANCE

tion de M. Talon[1]. Nous avons déjà démontré que la raison, la morale, la vérité des faits, étaient du côté de Mgr de Laval dans cette controverse. Talon conservant ses fâcheux préjugés sur cette question, il n’était pas étonnant que l’évêque et son grand vicaire fussent peu enthousiastes à l’idée de son retour. On trouve ce sentiment nettement accusé dans la lettre suivante écrite par M. Dudouyt à Mgr de Laval, le 31 mai 1682 :

« J’ai vu aujourd’hui Monsieur Talon qui m’avait demandé de conférer avec lui touchant l’établissement d’un hôpital général en Canada. Il me vint trouver pour cet effet il y a deux jours et m’écrivit encore hier. Il m’a dit que M. de Seignelay lui avait fait connaître que le sentiment du roi n’était pas qu’on établît un hôpital général en Canada, parce que cela donnerait lieu à beaucoup de personnes de demeurer dans la fainéantise, s’attendant à un hôpital général. C’est la seule raison qu’on a objectée du côté de la cour : qui n’est pas difficile à répondre puisqu’on ne souffrirait dans cet hôpital général que ceux qui ne seraient pas en état de travailler, et qu’on pourrait objecter le même à l’égard de tous les hôpitaux de France.

« Après avoir écouté M. de Seignelay, il lui a représenté toutes les utilités d’un hôpital général eu Canada conformément au mémoire que l’on avait envoyé et ce qu’il a pu y ajouter surtout des sauvages dont on pourrait y retirer des vieillards et des orphelins abandonnés. M. de Seignelay lui a dit qu’au lieu d’un hôpital général on pourrait joindre cette œuvre à l’Hôtel-Dieu de Québec et y donner du revenu pour cet effet ; qu’il

  1. Lettres, Instructions, etc., 3, II, pp. 616, 622.