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DE LA NOUVELLE-FRANCE

M. Dudouyt, qui était peu sympathique à Talon, semblait croire que celui-ci manœuvrait pour revenir au Canada en qualité d’intendant, ou, mieux encore, en celle de gouverneur. De Paris[1], il tenait Mgr de Laval au courant des nouvelles religieuses et politiques qui pouvaient intéresser l’évêque de Québec. Le 11 avril 1681, il lui écrivait : « On dit que le fils de M. de Bellinzany[2] doit épouser la nièce de M. Talon à qui appartient la charge de secrétaire du cabinet, que M. Talon n’exerce guère… Si cette affaire était conclue je crois que M. Talon retournerait volontiers en Canada surtout en qualité de gouverneur, si on lui donnait le gouvernement. J’ai quelque fondement de croire ceci. » Le 10 mai, nouvelle information : « On ne croit pas qu’il y ait de changement cette année. On a parlé d’un intendant et nommément de M. Talon, mais cela n’a pas été résolu. Je ne sais pas ce qui se fera l’année prochaine ; quelqu’un néanmoins qui peut en savoir quelque chose m’a dit qu’il ne croit pas qu’il le soit[3]. »

Le neveu de Talon, Perrot, gouverneur de Montréal,

  1. — M. Jean Dudouyt, venu au Canada en 1662, avait été nommé vicaire général en 1671 ; il fut envoyé en France, en 1676, par son évêque, pour appuyer les représentations de celui-ci au sujet de la traite des boissons enivrantes. Il y demeura jusqu’à sa mort, en 1680 ; sa mission était de surveiller là-bas les intérêts du diocèse et du chapitre. C’était un homme d’une éminente vertu.
  2. — François Bellinzani, ancien intendant du duc de Mazarin, fut directeur du commerce, et inspecteur des manufactures, sous le ministère de Colbert. Il avait de l’influence et du crédit. Compromis dans une spéculation sur les monnaies, il fut arrêté, subit un procès, et mourut au château de Vincennes où il était détenu, en 1684.
  3. — Lettre de M. Dudouyt ; Arch. sém. de Québec.