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DE LA NOUVELLE-FRANCE

ont fait notre éducation et nos habitudes démocratiques, nous sommes portés à estimer médiocrement les emplois de cette nature. Mais pour juger avec justice les hommes et les choses d’autrefois, il faut souvent faire abstraction des opinions et des mœurs d’à présent. Au dix-septième et au dix-huitième siècles, les fonctions intimes auprès de la personne auguste du souverain, étaient extrêmement considérées. Ainsi nous voyons que la charge de grand-maître de la garde-robe, créée en 1669, fut donnée à l’un des premiers seigneurs du royaume[1]. Cet office fut occupé entre autres, par un duc de La Rochefoucauld et par un duc de Liancourt. En 1789, les deux maîtres de la garde-rohe étaient deux grands seigneurs, MM. de Boisjelin et de Chauvelin. « Quoi qu’on pense aujourd’hui, écrit M. Jal, la charge de valet de chambre, sous les anciens rois de France, était fort recherchée. Vénale [2], comme toutes les autres charges, elle coûtait gros. Elle procurait la noblesse, conférait le titre d’écuyer, était transmissible comme une propriété et avait des privilèges qui étaient très appréciés. On voit dans les listes de valets de chambre figurer les noms d’artistes éminents, de gens de lettres distingués, et même d’hommes de condition noble. Le service cor-

  1. — Lorsque le roi s’habillait, le grand-maître de la garde-robe lui mettait la camisole, le cordon bleu et le justaucorps. Quand le roi se déshabillait, le grand-maître lui présentait la camisole de nuit, et lui demandait ses ordres pour le costume du lendemain. (Grand Dictionnaire, article « garde-robe »).
  2. — C’est-à-dire qu’elle pouvait être vendue par celui qui en était le titulaire, et qu’on pouvait l’acquérir à prix d’argent. Mais l’acquéreur devait être agréé par le roi. Si le titulaire mourait sans avoir disposé de sa charge, elle devenait vacante et le roi l’accordait à qui lui plaisait.