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JEAN TALON, INTENDANT

Elle rapportait beaucoup, mais celui qui l’acquérait avec l’agrément et sur la présentation du grand-maître de la garde-robe, finançait largement ; aussi, pour que la charge fût bien sa propriété et qu’il ne perdît pas ses avances, si par une circonstance quelconque il était obligé de la quitter, il sollicitait du maître un brevet d’assurance qui mettait à l’abri une partie au moins de ce qu’il avait déboursé. Exemple : je vois que, le 28 avril 1692, le roi assura soixante mille livres au sieur Bachelier, un de ses premiers valets de garde-robe, sur sa charge, pour lui assurer et aux siens une partie du prix de sa charge. » Il fallait que l’emploi valût au moins 150,000 livres pour qu’on donnât à Bachelier un brevet d’assurance[1] de 60,000. Quels étaient donc les profits ? Les gages, le logement, le feu, la chandelle, la table, les dons du roi, et puis, et avant tout, la faculté de voir le prince en particulier et d’obtenir certaines grâces pour des protégés qui payaient grassement les services rendus par le protecteur. Les valets de garde-robe avaient aussi le titre d’écuyers[2]. »

Avec nos idées actuelles et l’état d’esprit que nous

    meilleur ménager que vous pourrez, et de vous souvenir que vous n’êtes point le fils d’un traitant ni d’un premier valet de garde-robe. M. Quentin, qui, comme vous savez n’est pas le plus pauvre des quatre, a marié sa fille à un jeune homme extrêmement riche. » (Œuvres de Racine, édition des Grands Écrivains, Hachette, 1870, vol. VII, p. 212).

  1. — On appelait brevet d’assurance, ou de retenue, un brevet que le roi accordait à un officier qui entrait en charge, pour la conserver après sa mort ou pour en retirer une partie du prix, lequel devait être payé par le successeur. (Furetière, Dictionnaire universel, article « retenue »).
  2. — Jal, Dictionnaire critique, p. 1218.