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DE LA NOUVELLE-FRANCE

quelque chagrin les vaisseaux qui partent de notre rade, puisqu’ils enlèvent en la personne de Monsieur de Courcelle et en celle de Monsieur Talon, ce que nous avions de plus précieux. Éternellement nous nous souviendrons du premier, pour avoir si bien rangé les Iroquois à leur devoir ; et éternellement nous souhaiterons le retour du second, pour mettre la dernière main aux projets qu’il a commencé d’exécuter si avantageusement pour le bien de ce pays[1]. »

Ce vœu, qui était dans toutes les âmes, ne devait pas être exaucé. L’intendant Talon ne devait plus revoir cette Nouvelle-France, à laquelle il avait consacré pendant sept ans son intelligence et son cœur, et qui, en retour, allait sauver sa mémoire de l’injuste oubli qui sert de linceul à tant de nobles carrières.



  1. — Outre le départ de MM. de Courcelle et Talon, le Canada fit plusieurs pertes cruelles, en 1671-72. Madame de la Peltrie, la pieuse fondatrice des Ursulines de Québec, mourut le 18 novembre 1671, et la Mère de l’Incarnation, son éminente amie, la suivit dans la tombe le 30 avril 1672. L’année suivante, mademoiselle Mance disparaissait à son tour. La population canadienne pleura la mort de ces femmes distinguées à qui l’on pourrait décerner justement le titre de « mères de la patrie. »