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JEAN TALON, INTENDANT

s’était assuré une récompense plus haute que les titres et les dons royaux. Il avait gagné la reconnaissance d’un peuple destiné à vivre et à grandir, et dont le souvenir fidèle allait assurer à son nom l’immortalité de l’histoire.

Son départ, qui eut lieu vers le milieu de novembre 1672, fut considéré comme une calamité publique. « Il fut regretté de tout le monde, où il avait fait des biens sans nombre à toute sorte de personnes et aux communautés en particulier », lisons-nous dans les annales de l’Hôtel-Dieu. « Tout ce que nous en avons dit n’est qu’un léger crayon de ce qu’on en pourrait dire ; il mérite d’être loué par des personnes plus éloquentes que nous, qui ne pouvons que prier Dieu de récompenser nos bienfaiteurs. Nous ne pourrons jamais trop publier les bontés que Monsieur Talon a eues pour nous, et les services qu’il nous a rendus. Il avait été autrefois Intendant du Quesnoi en Flandre où il s’était employé à la bâtisse de plusieurs hôpitaux avec le même zèle qu’il fit paraître en Canada. Il avait un talent particulier pour distribuer les libéralités du Roi d’une manière noble et désintéressée qui charmait autant ceux qui les recevaient, que le don même dont il les gratifiait ; en un mot on peut bien dire de lui en le comparant à ceux qui l’ont suivi : « Non est inventus similis illi, il n’a point eu son semblable ». Nous gardons son portrait dans notre hôpital, avec un grand soin, comme l’image de celui à qui nous avons d’éternelles obligations ».

Le Père Dablon se faisait l’interprète du sentiment public dans les lignes suivantes par lesquelles débutait la Relation de 1672 : « Nous ne pouvons regarder sans