Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
451
DE LA NOUVELLE-FRANCE

Canada porta, lui aussi, la peine de cette orientation fatale dont gémissait Colbert. Dès le 4 juin 1672, le roi écrivait à Talon qu’il ne pouvait faire, cette année, pour la colonie, les mêmes dépenses que par le passé, en raison de la guerre[1]. L’année suivante Colbert écrivait à Frontenac : « Je vous dirai que Sa Majesté n’a pas fait dessein de donner aucune assistance au Canada cette année, par les grandes et prodigieuses dépenses qu’elle a été obligé de faire pour l’entretènement de plus de 200,000 hommes qu’elle a à présent sur pied, et de 100 vaisseaux et 25 galères qu’elle a en mer[2]. » La plus belle et la plus heureuse période de notre ancien régime était décidément close.

Se conformant au désir exprimé par Colbert, Talon attendit jusqu’au milieu de novembre pour quitter le Canada. Il tenait à ne point laisser derrière lui d’affaire inachevée. Il avait aussi à cœur de régler toutes les réclamations relatives à son intendance. À cette fin il publia une ordonnance par laquelle il avertissait tous ceux qui avaient quelque créance pour fournitures, travaux, ou quoi que ce fût, de se présenter afin qu’il pût les payer avant son départ.

Sa carrière d’intendant de la Nouvelle-France avait reçu son couronnement à la séance du Conseil Souverain tenue le 17 septembre. Ce jour-là étaient lues et enregistrées des lettres du roi, expédiées à Saint-Germain-en-Laye, le 14 mars 1671, signées « Louis », et sur le repli, « par le roi, Colbert », et scellées du « grand sceau de cire verte sur lacs de soie rouge et

  1. Supplément-Richard, p. 245.
  2. Lettres, Instructions, etc., 3, II, p. 557.