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JEAN TALON, INTENDANT

sera tenu prendre la confirmation des présentes dans un an du jour d’icelles. »

L’automne de 1672, durant lequel cette masse de seigneuries furent créées, marque une date mémorable dans l’histoire du Canada. Avant Talon il y avait eu des concessions seigneuriales. Mais il semblait qu’elles eussent été faites accidentellement, un peu au hasard, au gré des sollicitations individuelles, et sans plan d’ensemble ni objectif précis. En 1672, c’est tout différent. La soixantaine de concessions faites à la fois par Talon, et la manière dont elles sont faites, indiquent l’application d’une idée et le développement d’un dessein. Si Talon n’a pas été absolument l’initiateur, on peut dire qu’il a été l’organisateur de l’institution seigneuriale au Canada.

Il avait en vue deux objets : la protection du pays et sa colonisation. Il se proposait de protéger le Canada par l’établissement des seigneuries de la rivière Richelieu et des environs. Les concessions faites le 29 octobre 1672 à MM. de Sorel, de Chambly, de Varennes, de Saint-Ours, de Verchères, de Contrecœur, tous officiers du régiment de Carignan, devaient, dans la pensée de Talon, former autant de petites colonies militaires, dont la population serait constituée principalement par des soldats licenciés, qui, à la fois défricheurs et guerriers, opposeraient une forte barrière aux incursions iroquoises si elles se renouvelaient un jour. L’événement ne répondit pas absolument à son attente, mais cela fut dû à un ensemble de causes dont il ne fut pas responsable.

Le second résultat visé par lui fut le développement plus prompt et plus général de la colonisation. En concédant des fiefs à un grand nombre de seigneurs, avec la