Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
DE LA NOUVELLE-FRANCE

Louis XIV lui-même répondit à ces instances, et il le fit dans les termes les plus flatteurs. Le 17 mai 1672, il écrivit à Talon : « Les infirmités qui vous sont survenues depuis votre retour au Canada ne vous permettant pas d’y demeurer plus longtemps, je trouve bon que vous repassiez dans mon royaume pour que vous travailliez au rétablissement de votre santé, et je serai bien aise de vous donner, en toute occasion, des marques de la satisfaction que j’ai de votre application et des services que vous m’avez rendus dans l’emploi que je vous ai confié[1]. »

M. de Courcelle avait écrit, de son côté, pour demander son rappel, et le roi lui avait adressé une lettre, datée du 7 avril 1672, par laquelle il lui témoignait sa satisfaction et lui permettait de repasser en France. L’administration des deux fonctionnaires touchait à son terme.

Le gouverneur nommé pour succéder à M. de Courcelle était le comte de Frontenac. Ce personnage, qui a joué un si grand rôle dans l’histoire de la Nouvelle-France, était alors âgé d’environ cinquante-trois ans. Il avait passé une partie de sa jeunesse et de son âge mûr dans les armées, et s’était distingué en Flandre, en Cata-

    investi d’un pouvoir non partagé. C’est du moins ce que l’on peut inférer de quelques lignes contenues dans un mémoire de Patoulet. Celui-ci écrirait à Colbert le 25 janvier 1672 : « M. Talon supplie sur toutes choses le roi de lui accorder son congé, sinon de le laisser seul en ce pays-là. »

  1. — Arch. du min. des colonies, Paris ; Registre des dépêches concernant les Indes orientales et occidentales, vol. 4, folio 58½. — Le roi avait donné à Talon, dès 1669, une lettre dans laquelle il lui permettait d’avance de revenir en France à l’expiration de deux ans.