Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
JEAN TALON, INTENDANT

ici. J’ai eu l’honneur d’y servir Sa Majesté avec le zèle qu’on doit à un prince et la conformité que son service demande qu’on ait aux volontés de son ministre. J’ai exécuté avec toute la ponctualité que j’ai pu les ordres de Sa Majesté, et j’ai travaillé avec beaucoup d’étude et d’application à bien remplir vos intentions et à donner à vos entreprises tout le succès que vous en deviez attendre, de manière que, sans blesser la modestie qu’on doit garder quand on parle de soi, je puis dire que sur l’un et l’autre de ces chefs je demeure satisfait de moi-même. Si mon obéissance à partir de l’Europe pour l’Amérique, l’exposition de ma vie dans les différents périls de mer et de maladie que j’ai courus depuis sept ans, et mes travaux dans un pays aussi rude qu’était celui-ci dans ses commencements, ont mérité quelques grâces du roi, je les renferme toutes dans la permission que je demande de retourner en France, si vous estimez que Sa Majesté ne doive ni par justice ni par faveur les étendre au-delà. Vous n’aurez pas de peine à me faire accorder ce retour quand vous aurez appris l’état auquel je suis[1]. »

  1. Talon à Colbert, 31 octobre 1671 ; Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III. Dans cette même lettre Talon proposait son secrétaire, Patoulet, comme son successeur, et offrait de laisser à celui qui le remplacerait, son domaine des Islets, ses autres établissements faits avec ses fonds et ceux faits des deniers du roi, « afin, disait-il, de composer un domaine utile au roi, qui aura tel égard qu’il lui plaira à la manière désintéressée avec laquelle j’aurai eu l’honneur de le servir ; je retournerai en France avec trop de bien si j’y retourne avec votre estime et un peu de santé. »

    Malgré ses pressantes demandes de rappel, Talon aurait peut-être consenti à demeurer au Canada pourvu qu’il eût été