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DE LA NOUVELLE-FRANCE

si cette inclination se nourrit un peu, il y a lieu d’espérer que ce pays deviendra une pépinière de navigateurs, de pêcheurs, de matelots, et d’ouvriers, ayant naturellement de la disposition à ces emplois. Le sieur de St-Martin (qui est aux PP. Jésuites en qualité de frère donné) assez savant en mathématiques, a bien voulu à ma prière se donner le soin d’enseigner la jeunesse. Je crois que Sa Majesté aura bien agréable qu’on lui fasse quelque gratification »[1].

La situation de la Nouvelle-France était en ce moment heureuse et prospère. À la fin de 1671, Talon écrivait : « La paix est également profonde au dedans et en dehors de cette colonie ». L’activité et le travail régnaient partout. Dès le mois de novembre 1670, l’intendant pouvait annoncer que, depuis l’ouverture faite à la marine, la découverte des mines de fer et l’entreprise du goudron, le Canada était sorti de l’inaction dans laquelle il l’avait trouvé à son retour. « Tous ses habitants, jusques aux femmes et filles, disait-il, ont la porte ouverte au travail. De manière qu’avec le secours que le roi a la bonté de donner aux familles et les autres gratifications qu’il a répandues, l’argent qu’on emploie à la recherche et aux façons des bois, de même qu’au reste des entreprises que Sa Majesté fait faire, fait agir tout le monde, et personne n’ose plus tendre la main pour demander, s’il n’est enfant trop faible ou homme trop âgé, estropié ou malade de maladie habituelle »[2]. Le 10 novembre 1671, il écrivait encore : « J’ai ouvert la porte au tra-

  1. Talon au roi, 2 nov. 1671. — Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III.
  2. Addition au présent mémoire, 10 nov. 1670 ; Arch. féd., Canada, corr. gén. vol. III.