Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
420
JEAN TALON, INTENDANT

France, de sorte que déjà ce pays se passe des lards de La Rochelle, d’où j’en ai ci-devant tiré pour une année jusqu’à 800 barils ; et j’ai lieu de croire que ce que cette partie pourra fournir, jointe à ce que celle de l’Acadie fort remplie de vaches pourra donner, fera bien dans quelque temps l’entière fourniture des îles en chairs salées. »

Au chapitre treize de ce livre nous avons vu combien Talon s’intéressait aux communautés. Cette bienveillance ne se démentit point durant sa seconde intendance. L’Hôtel-Dieu de Québec particulièrement en reçut des marques nombreuses. Il devenait trop étroit par suite de l’accroissement de la colonie. L’intendant, de son propre mouvement, entreprit d’y faire ajouter une double salle avec un pavillon. Il avança tous les fonds nécessaires. Les travaux commencèrent le 5 mai 1672, et M. Talon lui-même voulut donner le premier coup de hoyau. Le 20 eut lieu la pose de deux pierres dans les fondations, l’une par Madame d’Ailleboust, au nom de Madame la duchesse d’Aiguillon, et l’autre par Madame Perrot, nièce de l’intendant [1]. « Son affection

  1. — Madeleine Laguide, nièce de l’intendant Talon, avait épousé Marie-François Perrot, nommé gouverneur de Montréal par M. de Bretonvilliers en 1669. Elle avait fait naufrage avec son mari et son oncle dans l’automne de cette année. En 1670, elle ne les avait pas accompagnés au Canada. Mais elle passa ici l’année suivante. M. Pollier de Casson écrivait alors : « Passons à l’arrivée des vaisseaux laquelle amène une digne gouvernante au Montréal en la personne de Madame Perrot, à la louange de laquelle nous dirons beaucoup sans nous écarter de ce qui lui est dû quand nous dirons qu’elle se fait voir en sa manière d’agir pour nièce de M. Talon l’intendant de ce pays et son oncle. Il n’est pas aisé de juger quelle fut la joie de M. Perrot, son mari, et celle d’un chacun en ce