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JEAN TALON, INTENDANT

pays produira plus de cent mariages dans les premières années, et beaucoup au delà à mesure qu’on avancera dans le temps. J’estime qu’il n’est pas à propos d’envoyer des filles l’année prochaine afin que les habitants donnent plus aisément en mariage les leurs aux soldats qui restent habitués et libres. Il n’est pas non plus nécessaire de faire passer des demoiselles, en ayant reçu cette année quinze ainsi qualifiées au lieu de quatre que je demandais, pour faire des alliances avec les officiers ou les principaux habitants d’ici[1]. » De son côté Mgr de Laval déclarait qu’il y aurait probablement onze cents baptêmes en 1672[2]. L’année qui suivit le départ de l’intendant Talon, Frontenac envoya en France un état de la population canadienne. Elle était de 6,705 âmes. Nos lecteurs se rappellent peut-être que le recensement de 1666 ne donnait que 3,215 âmes. En sept ans la population de la colonie avait plus que doublé. Notez que le chiffre indiqué par le relevé de 1673 était vraisemblablement inexact. Colbert manifesta sa surprise en le recevant. Suivant lui la population devait être plus considérable, et nous inclinons à lui donner raison. En effet le relevé de 1668 accusait une population de 6,282. De 1669 à 1672 inclusivement le roi avait fait passer ici 820 personnes, sans compter les soldats arrivés en 1670. Ajoutez à cela l’augmentation naturelle, les 600 à 700 naissances de 1671 et celles de 1672 estimées d’avance à 1,100 par Mgr de Laval. Avec de telles données il était difficile d’admettre que la population n’eût augmenté que de 423 âmes de 1668 à 1673. Le

  1. Talon au roi, 2 nov. 1671. — Arch. prov. Man. de la N.-F., 1ère série, vol. I.
  2. Lettres, instructions, etc., 3, II, p. 541.