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DE LA NOUVELLE-FRANCE

ordonna que les volontaires[1] seraient privés de la traite et de la chasse, comme ils l’étaient par l’arrêt des honneurs religieux et civils, s’ils ne se mariaient dans un délai de quinze jours après l’arrivée des vaisseaux de France. Colbert applaudit à cette mesure, qui ne resta pas lettre morte. Un nommé François Lenoir dit Rolland, de Montréal, ayant voulu faire la traite, quoique célibataire, dut s’engager à se marier l’année suivante, après l’arrivée des vaisseaux, promettant de donner cent cinquante livres à l’hôpital et autant à l’église de Villemarie, s’il manquait à sa promesse. Il tint parole et prit femme dans le délai stipulé[2].

Tant d’efforts ne pouvaient manquer d’activer l’accroissement de la population. Le 2 novembre 1671, Talon écrivait : « Sa Majesté pourra voir par l’abrégé des extraits des registres des baptêmes dont j’ai chargé mon secrétaire, que le nombre des enfants nés cette année est de six à sept cents, que dans les suivantes on en peut espérer une augmentation considérable, et il y a lieu de croire que sans autre secours des filles de France ce

  1. — Les « volontaires » étaient les hommes de travail qui, n’étant point liés par contrat pour un temps fixe, comme les « engagés » dont le service était de trois ans, travaillaient ici et là à la journée. Ils devenaient facilement oisifs, ivrognes et libertins. Talon écrivait (10 nov. 1670) qu’à son retour, il en « avait trouvé un assez grand nombre faisant le véritable métier de bandits. » Et il ajoutait : « J’étudierai encore quelque expédient nouveau pour arrêter ces vagabonds qui ruinent le christianisme des sauvages et le commerce des Français qui travaillent dans leur résidence à étendre la colonie. Il serait bon que Sa Majesté m’ordonnât par une lettre de cachet de les fixer en quelque lieu où ils prissent part aux ouvrages de la communauté. »
  2. — Faillon, III, p. 355.