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DE LA NOUVELLE-FRANCE

font difficulté de leur administrer ce sacrement. À la vérité, ce n’est pas sans raison, deux ou trois mariages s’étant ici reconnus[1]. On pourrait prendre les mêmes précautions pour les hommes veufs, et cela devrait être du soin de ceux qui seront chargés des passagers[2]. » Colbert donna des ordres conformes aux recommandations de Talon, tant pour le choix des filles que pour les certificats. C’est ici le lieu de faire remarquer avec quel soin l’on choisissait les filles et les femmes envoyées ainsi au Canada. Quelques-unes, orphelines et pauvres, avaient été élevées dans des maisons de charité aux frais du roi[3] ; on les appelait « les filles du roi. » D’autres appartenaient à de bonnes familles qui, étant chargées d’enfants, les envoyaient en ce pays dans l’espérance qu’elles y seraient mieux pourvues[4]. On constata bientôt que les filles tirées des communautés de Paris n’étaient pas assez vigoureusement constituées. En 1670, Colbert écrivit à l’archevêque de Rouen, M. de Harlay : « Par les dernières lettres que j’ai reçues du Canada, l’on m’a donné avis que les filles qui y ont été transportées l’année passée, ayant été tirées de l’hôpital général, ne se sont pas trouvées assez robustes pour

  1. — C’est-à-dire que, dans deux ou trois cas, on avait découvert l’existence de mariages antérieurs. Mais Talon ne dit pas que ceci était arrivé pour les filles envoyées par Colbert. Ces accidents s’étaient produits auparavant, et cela avait induit les prêtres à redoubler de prudence.
  2. Talon à Colbert, 10 nov. 1670. Arch. prov. Man. de la N. F., 1, II.
  3. Journal des Jésuites, p. 335.
  4. — La Mère Duplessis de Sainte-Hélène, citée par l’abbé Faillon, Histoire de la colonie française, III, p. 210.