ses mémoires de 1670, qu’il importait de n’en point envoyer de disgraciées ou de rebutantes physiquement ; il insistait pour qu’on les choisît saines et fortes, aptes aux travaux rustiques, ou du moins douées de quelque industrie manuelle. Il ajoutait que l’envoi de trois ou quatre filles de qualité serait utile pour déterminer au mariage quelques officiers qui ne tenaient au pays que par leurs appointements et le produit de leurs domaines, et restaient célibataires pour ne pas s’engager dans des unions disproportionnées[1]. Quelques-uns de ces officiers repassaient en France après le licenciement de leurs compagnies. Cela contrariait les vues de Colbert qui écrivit à l’intendant : « Comme il importe au service du roi qu’ils s’établissent au dit pays et qu’ils servent d’exemple à leurs soldats, il est bien nécessaire que vous empêchiez qu’à l’avenir ces officiers ne repassent en France, leur faisant connaître que le véritable moyen de mériter les grâces de Sa Majesté est de demeurer fixes et d’exciter fortement tous leurs soldats à travailler au défrichement et à la culture des terres »[2].
Nous relevons dans le mémoire de Talon une autre recommandation : « Si le roi, disait-il, fait passer d’autres filles ou femmes venues de l’ancienne en la Nouvelle France, il est bon de les faire accompagner d’un certificat de leur curé ou du juge du lieu de leur demeure qui fera connaître qu’elles sont libres et en état d’être mariées, sans quoi les ecclésiastiques d’ici