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DE LA NOUVELLE-FRANCE

un certain nombre venus ici spontanément pour s’y faire une position, ou attirés par les propriétaires de fiefs et les seigneurs de Montréal.

Les mariages continuèrent à se faire en grand nombre, nous allions dire en masse. Le 10 novembre 1670, Talon écrivait : « Toutes les filles venues cette année sont mariées, à quinze près que j’ai fait distribuer dans des familles connues en attendant que les soldats qui les demandent aient formé quelque établissement et acquis de quoi les nourrir[1]. » L’intendant ne manquait pas de leur faire le présent habituel de 50 livres à l’occasion de leur mariage. On le voit signer souvent au contrat, ainsi que M. de Courcelle, madame Bourdon, la demoiselle Étienne, etc. Cette dernière était une personne de mérite et de caractère que les directeurs de l’hôpital général de Paris avaient désignée comme gouvernante des filles qui passaient au Canada pour s’y établir. Elle les accompagnait au port d’embarquement, traversait l’Océan avec elles, et restait ici quelque temps pour surveiller leur installation. Puis elle s’en retournait pour revenir l’année suivante. Talon, témoin de ses services, recommanda en sa faveur une gratification de deux cents écus qui lui fut accordée par Colbert[2].

Au sujet de ces filles, l’intendant écrivait dans un de

  1. — M. Dollier de Casson, pour démontrer avec quelle promptitude les femmes et filles trouvaient à se marier, rapporte le cas d’une femme, « laquelle ayant perdu son mari, a eu un banc publié, dispense des deux autres, son mariage fait et consommé avant que son premier mari fût enterré ! »
  2. Colbert à Talon, 11 février 1671. — Lettres, Instructions, etc., 3, II, p. 514.