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JEAN TALON, INTENDANT

chœur et régulièrement par aucune communauté de celles qui sont établies en Canada.

« En vérité, Monseigneur, il est malaisé de vous exprimer la joie que les peuples ont reçue de l’arrivée de ces Pères. Et je n’affecte rien quand je dis qu’elle vous a fait bénir partout de les leur avoir procurés. Je remets au provincial à vous dire ce qu’il a connu de la contrainte dans laquelle les Canadiens ont ci-devant été, et avec quelle délicatesse il a fallu que j’agisse avec l’Église pour conserver l’autorité du roi, le repos des consciences, et ne pas lui donner sujet de murmurer contre moi. Le caractère de ce religieux et le rang qu’il tient dans son ordre lui donnera auprès de vous plus de créance qu’il n’en peut emprunter de ma plume. Et si vous avez à la lui refuser, ce peut être sur ce qu’il avancera parlant de moi, parce qu’il est de mes amis, quoique je ne sois des siens en ce qui regarde le service que comme il le faut être.

« Avant de quitter le chapitre de l’Église, je dois dire que M. l’évêque de Pétrée a reçu avec beaucoup de reconnaissance la gratification que Sa Majesté lui a faite, qu’il l’espère pareille cette année, et qu’à la vérité il a besoin de ce secours. Sachant que les Pères Jésuites lui faisaient entendre que leur compagnie agissait à Rome pour lui faire accorder son titre[1], je lui ai fait

  1. — Le titre d’évêque de Québec, au sujet duquel des négociations étaient engagées depuis longtemps entre Rome et la cour de France. Mgr  de Laval n’était encore que vicaire apostolique. Le roi demandait l’érection de Québec en évêché. Un projet de bulle avait été préparé à Rome en 1668, mais plusieurs des termes de cette pièce semblaient inacceptables aux légistes gallicans que Louis XIV avait chargés d’étudier la question. Entre autres dispositions, la bulle disait que