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DE LA NOUVELLE-FRANCE

magna fui, — était un événement providentiel, et ces Pères devaient être considérés comme les sauveurs de la religion, que l’évêque de Pétrée et ses anciens collaborateurs étaient en train de compromettre. On nous permettra de faire ici une très longue citation qui peint au vif l’état d’âme de Talon en ce moment. Il écrivait à Colbert le 10 novembre 1670 :

« Le clergé du Canada s’acquitte très bien de ses fonctions ecclésiastiques. Le secours qu’il a reçu par l’arrivée des Pères Récollets lui donne bien de l’aisance ; et cet ordre, quoique ci-devant non désiré par M. l’évêque et par les Jésuites, aidera de beaucoup à donner aux habitants les secours spirituels qui leur sont nécessaires, surtout dans les côtes éloignées.

« Le P. Germain Allart, provincial, a tenu durant son séjour une conduite si judicieuse et prudente qu’il emporte l’estime de ceux même qui semblaient ne devoir souffrir sa présence qu’avec peine. L’établissement qu’il a commencé prend une belle forme. Mais il a besoin des libéralités du roi pour le soutenir. Je le connais assez réservé pour qu’il souffre ses besoins sans le dire. Sa Majesté fera pour elle quand par charité elle fera quelque chose pour ces religieux, et leur donnera lieu d’augmenter leur nombre, parce que par là elle ôtera l’occasion que M. l’évêque pourrait prendre de lui demander un nouveau secours d’ecclésiastiques, et pour les soutenir un nouveau fonds ou par voie de fondation de cures ou par voie de gratification ; outre que plus il y aura de ces religieux, plus l’autorité des premiers ecclésiastiques trop bien établie sera balancée. D’ailleurs, ils seront les premiers qui commenceront les heures canoniales, qui ne se sont pas encore dites en