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JEAN TALON, INTENDANT

comme il n’a peut-être pas fait réflexion que le roi ne lui a pas confié ce pouvoir-là, et que des habitants du pays ont dit que lorsque M. de Courcelle en sera parti ils protesteront de nullité contre les arrêts que le nouveau conseil qu’il a établi a rendus, je crois qu’il serait bon pour remédier à beaucoup de chicanes, qui pourraient naître de là, d’autoriser par un arrêt du Conseil de Sa Majesté le procédé de mon dit sieur de Courcelle, et cependant faire rentrer le dit sieur de Villeray, seul homme capable de judicature. M. l’évêque de Pétrée et les PP. Jésuites se conformant en toutes choses aux instructions du roi, il ne peut plus être suspect[1]. »

Du fait que Talon siégea rarement au Conseil Souverain durant sa seconde intendance, il ne faudrait pas conclure qu’il négligea ses devoirs comme chef de justice. Quoique le recueil de ses ordonnances ne nous soit pas parvenu, et que nous soyons réduits à quelques pièces éparses dans les cartons de nos archives[2], nous

  1. Mémoire du sieur Patoulet, sur ce qu’il est besoin de faire pour le Canada, 25 janvier 1672. — Arch. féd. Canada, corr. gén., vol. III.

    M. de Villeray ne fut réinstallé au Conseil qu’en 1675. Quant à la ratification de l’acte de M. de Courcelle, elle ne fut pas jugée nécessaire par le ministre.

  2. — Les ordonnances de Talon, de Bouteroue, de Duchesneau, de Meulles, de Champigny, de Beauharnois, ne nous ont pas été conservées, à part quelques-unes. On lit à ce sujet dans un arrêt du Conseil Souverain, rendu en 1705 : « La plus grande partie du secrétariat de mon dit sieur Talon a été dissipée comme la plupart de ceux de messieurs ses successeurs. » Édits et Ordonnances, vol. II, p. 133). C’est pour cette raison que le recueil des ordonnances de nos intendants, conservé aux Archives provinciales à Québec, ne commence qu’à Raudot, en 1705. On ne saurait trop déplorer une telle lacune.