Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
JEAN TALON, INTENDANT

sa manière d’agir avec les ecclésiastiques et les peuples, quoiqu’avec un peu plus de circonspection que du passé. Ce n’est pas une de mes moindres applications, (je n’oserais dire fatigue) que de concilier les esprits et les faire concourir au bien[1]. » L’ennui et la contrariété que lui infligèrent ces tiraillements, joints sans doute à la rigueur du climat et à l’excès du travail, occasionnèrent chez Talon une maladie qui dura six mois, en 1671, « le jeta presque dans l’inaction et lui ôta la meilleure partie de ses forces. » Nous lisons dans un mémoire adressé par lui à Colbert : « Si vous désirez apprendre la principale cause de ma maladie, mon secrétaire pourra vous la dire et vous expliquer les déplaisirs que je reçois sur le service que j’ai à rendre ici. » Et plus loin : « Je ne m’étendrai pas sur la conduite que tient ici M. de Courcelle à mon égard ; mon secrétaire que j’ai fait agir auprès de lui durant son séjour à cause de mon indisposition, l’a trop bien connue et peut vous en informer. S’il blessait mes seuls intérêts je souffrirais dans le silence. Mais il me fait naître des incidents et des obstacles, où pour le service du roi il devrait m’aplanir les difficultés. Cependant, Monseigneur, je vous remercie très humblement de la grâce que vous m’avez faite en lui écrivant. Vous aurez peine à le guérir de la jalousie qu’il a conçue de ce que vous me faites l’honneur de vous confier en moi, et des établissements que je fais, dont je souffre souvent qu’il se donne tout le mérite sans me plaindre. Par mon retour en France, mes peines finiront[2]. »

  1. Mémoire de Talon à Colbert sur le Canada, 10 nov. 1670 ; Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III.
  2. Ibid.