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JEAN TALON, INTENDANT

pourraient se désintéresser par la traite des pelleteries qu’ils feront avec les sauvages[1]. »

Nous commettrions une omission capitale si, en parlant des explorations dont Talon prit l’initiative durant sa seconde intendance, nous laissions de côté celle dont il chargea Louis Jolliet et qui eut ce mémorable résultat : la découverte du Mississipi, dans la partie supérieure de son cours. Ce fut l’un des derniers actes de son administration[2]. On sait que Jolliet, parti de Montréal, dans l’automne de 1672, hiverna à Michillimakinac où se trouvait le Père Marquette ; qu’ils se mirent en route au mois de mai 1673 ; que par le lac Michigan, la Baie Verte, la Rivière-aux-Renards et la rivière Wisconsin, ils parvinrent au Mississipi, et qu’ils descendirent ce fleuve géant jusqu’au delà du 33ème degré de latitude[3].

  1. Talon au roi. 2 nov. 1671. — Arch. prov. Man. N. F., 1ère série, vol. II. — « Je leur ferai espérer quelque marque d’honneur, » disait Talon. À cet effet il avait demandé des médailles du roi pour les distribuer à ceux qui se porteraient aux grandes entreprises, aux découvertes utiles de pays nouveaux, de mines ou de forêts. Il estimait que cela servirait d’aiguillon à ceux que l’argent ne contenterait pas si fortement. « Cette manière de récompense, ajoutait il, est plus épargnante et souvent plus puissante que toute autre. » (Talon à Colbert, 10 nov. 1670). En réponse Colbert lui envoya douze médailles à l’effigie de Louis XIV.
  2. — « M. Talon a aussi jugé expédient pour le service d’envoyer le sieur Jolliet à la découverte de la mer du Sud par le pays des Maskoutens et la grande rivière qu’ils appellent Mississipi, qu’on croit se décharger dans la mer de Californie. » (Frontenac à Colbert, 2 nov. 1672. — Arch. prov. Man. N.-F., vol. II).
  3. Relations inédites de la Nouvelle-France, vol. II, pp. 224 et suiv. — Louis Jolliet, par Ernest Gagnon.