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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Durant les années 1671 et 1672, l’Acadie ne cessa de préoccuper l’intendant Talon. Il communiquait le plus souvent possible avec le chevalier de Grandfontaine qu’il encourageait à fortifier Pentagouet, à favoriser la pêche et le commerce. Il projetait des établissements sur les rivières Penobscot et Kennebec, qui auraient formé de ce côté une barrière à l’extension de la Nouvelle-Angleterre. Il voulait établir une voie sûre et facile de Québec à la Baie Française, et il espérait y réussir en échelonnant, de distance en distance, sur un parcours de soixante lieues, une vingtaine d’habitations où l’on trouverait des entrepôts, le couvert et des rafraîchissements[1]. Il se proposait, si ses forces le lui permettaient, de s’y rendre « sur la neige en raquettes, ou en canot au printemps » de 1672, pour voir par lui-même à l’établissement des soldats, leur accorder des concessions, faire travailler aux forts de Pentagouet et de Port-Royal, prendre le recensement de la colonie, visiter les armes des colons, examiner l’abondance et le bénéfice des pêches, et vérifier les mines. Il aurait conduit avec lui deux Pères Récollets, pour le secours spirituel de la population, et promulgué des règlements de police[2]. Mais son état de santé ne lui permit pas de faire ce voyage.

Il avait ouvert une correspondance amicale avec le colonel Sir Thomas Temple, qui lui paraissait « dégoûté du gouvernement de Boston, plus républicain que monarchique », et désireux de se retirer sur les terres du roi de France, et « y vivre sous sa protection et son obéis-

  1. Talon au roi, 2 nov. 1671. — Collection de manuscrits, I, p. 212.
  2. Talon à Colbert, nov. 1671. — Canada, Corr. gén., vol. II