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DE LA NOUVELLE-FRANCE

particulièrement utile aux Français, parce qu’il formait une tête de chemin entre le Canada et l’Acadie : le bassin du Penobscot communiquait en effet dans l’intérieur avec celui du Kennebec par le portage de Kidiscuit, et en remontant la rivière Kennebec et un de ses affluents (aujourd’hui Moose River), on parvenait jusqu’à la hauteur du bassin supérieur de la rivière Chaudière, que l’on gagnait par un nouveau portage, et par laquelle on descendait jusque dans le fleuve Saint-Laurent, à peu de distance de Québec. Cet ensemble de voies de communication était connu dans le Canada sous le nom de chemin de Kennebec »[1].

En rapprochant plusieurs passages des lettres de Talon, nous constatons que ce dernier avait envoyé en Acadie

    vous à avancer cette communication, en sorte que Sa Majesté puisse apprendre l’année prochaine qu’elle sera en état d’être bientôt achevée, si elle ne l’est en effet ». (Collection de Manuscrits, I, p. 209)

    On lit dans un état des dépenses à faire pour le Canada et l’Acadie, daté du 3 avril 1670, l’article suivant. « Pour le travail et les ouvrages qui sont à faire pour la communication de Québec à l’Acadie, et autres dépenses extraordinaires à faire au dit pays, la somme de trente mille livres ». (Collection de Manuscrits, I, p. 195).

    Après le départ de Talon, l’ouverture du chemin entre Québec et l’Acadie ne fit aucun progrès. Onze ans plus tard, M. de Meulles écrivait à ce propos : « Il n’y a point encore de chemin ouvert à moins que l’on ne s’écarte beaucoup et qu’on n’aille par de certaines rivières où il y a de très grands rapides qui obligent ceux qui y veulent passer de faire de grands portages. On avait commencé du temps de M. Talon de faire un chemin par terre tout droit, lequel a été abandonné ». (Collection de Manuscrits, I, p. 391).

  1. Une colonie féodale en Amérique, Rameau de Saint-Père, I, p. 126.