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JEAN TALON, INTENDANT

aura donné sa première application à la découverte des mines de cuivre qui fait le principal sujet de sa mission, et qu’il aura vérifié les mémoires qui lui ont été remis à cet effet[1]. »

Cavelier de La Salle, né en 1643, avait étudié chez les Jésuites avec l’intention d’entrer dans la compagnie. Ayant modifié ses vues, il vint au Canada en 1666, et obtint des Sulpiciens une concession près de Montréal, qu’il appela Saint-Sulpice et qui porta depuis le nom de Lachine. En 1669, durant le séjour de Talon en France, La Salle obtint de M. de Courcelle des lettres patentes l’autorisant à faire une exploration vers la région de l’Ohio et du Mississipi. Il espérait atteindre

  1. — Comme le fait observer M. Henri Lorin (Le comte de Frontenac, p. 15), ce passage n’est pas parfaitement clair. On se demande à quoi s’appliquent les mots : « C’est aux premières de ces découvertes. » Il nous paraît certain que, d’après les instructions de Talon, La Salle devait diriger ses explorations vers le sud-ouest et le sud, et Saint-Lusson vers le nord-ouest et le nord.

    On remarque que, parlant de La Salle, Talon dit : « Nous avons envoyé, M. de Courcelle et moi, le sieur de La Salle » ; tandis que pour Saint-Lusson il dit : « J’ai fait partir M. de Saint-Lusson. » La nuance n’était pas un simple hasard de plume. Il y avait eu quelque malentendu entre le gouverneur et l’intendant au sujet de cette dernière expédition. Talon n’avait pas communiqué à M. de Courcelle toutes ses instructions, de peur que celui-ci ne mît quelque entrave à ses desseins. M. Lorin fait à ce propos l’observation suivante : « Saint-Lusson aurait-il été chargé d’une enquête confidentielle sur les missions des Jésuites ? On sait que Courcelle était mieux disposé pour les Jésuites que Talon, » L’étude des documents contemporains ne nous permet pas de partager cette opinion. Courcelle était, croyons nous, tout aussi mal disposé que Talon envers les Jésuites.