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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Malgré cette ambassade, les dispositions des Tsonnontouans paraissaient douteuses, vu qu’ils avaient rendu seulement huit prisonniers et qu’ils en retenaient un beaucoup plus grand nombre. M. de Courcelle se décida alors à faire une démonstration énergique. Il partit pour Montréal aussitôt que le fleuve fut libre de glaces. Là il annonça soudainement son intention de remonter le fleuve St-Laurent jusqu’au lac Ontario. À cette fin il fit construire un bateau plat du port de deux ou trois tonneaux, et quitta Lachine le 3 juin 1661, accompagné de M. Perrot, gouverneur de Montréal, du capitaine de Laubia, de MM. de Varenne, Lemoyne, de la Vallière, de Normanville, et de l’abbé Dollier de Casson. L’expédition se composait de cinquante-six hommes en tout. La flottille comprenait treize canots, outre le bateau plat. Le gouverneur et sa troupe remontèrent sans encombre, mais au prix de grandes fatigues, tous les rapides du St-Laurent, et neuf jours après leur départ ils faisaient leur entrée dans le lac Ontario, où ils rencontrèrent un bon nombre d’Iroquois, qui furent frappés d’étonnement et d’admiration. À leurs yeux M. de Courcelle avait accompli un merveilleux exploit. Il les chargea d’aller dire à leurs frères de Tsonnontouan et des autres cantons qu’il n’entendait point rompre la paix, mais voulait simplement leur montrer que s’il pouvait venir « en leur pays pour se promener, il pouvait bien venir pour les détruire, s’ils sortaient de leur devoir[1]. »

Le 17 juin M. de Courcelle était de retour à Montréal, « où tout le monde fut fort surpris de voir que

  1. Récit de ce qui s’est passé au voyage que M. de Courcelle, gouverneur de la Nouvelle-France, a fait au lac Ontario. (Arch. prov. Man. N.-F. 1ère série, vol. I.)