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JEAN TALON, INTENDANT

daient leurs captifs. Ils manifestèrent beaucoup d’irritation et firent de grandes bravades, au retour des ambassadeurs qui avaient pris part au conseil de Québec. « Ononthio, s’écrièrent-ils, nous menace de ruiner notre pays ; voyons s’il aura le bras assez long pour enlever la peau et la chevelure de nos têtes, comme nous avons fait autrefois des chevelures des Français. » Ce qui leur donnait tant d’audace c’était l’assurance que les rapides et les torrents qu’il fallait franchir pour atteindre leur pays[1] les mettait à l’abri de nos armes. Toutefois, pour ne point trop mécontenter le gouverneur, dont le ferme langage leur imposait malgré tout, ils résolurent de renvoyer huit captifs, et demandèrent à un capitaine goyogouin très renommé et très considéré, de se mettre à la tête de leur ambassade. Saonchiogoua — c’était son nom — se rendit à leur requête. Il avait pour cela une raison spéciale, désirant se faire chrétien, comme Garakonthié. Arrivé à Québec, il remit les prisonniers à M. de Courcelle, qui l’accueillit avec faveur. Puis, il entra en conférence avec le Père Chaumonot pour la grande affaire de son baptême. Ce missionnaire le connaissait depuis quinze ans et l’avait déjà instruit des vérités de la religion ; il constata que Saonchiogoua méritait de recevoir le sacrement purificateur. Ce fut encore Mgr de Laval qui baptisa ce capitaine. M. Talon fut son parrain et lui donna le nom de Louis, sans doute en l’honneur du roi[2].

  1. — Ce canton était situé au sud du lac Ontario. Les villages tsonnontouans occupaient le territoire qui forme aujourd’hui les comtés de Seneca et de Wayne, dans l’État de New-York.
  2. — Relation de 1676, pp. 3 et 4.