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DE LA NOUVELLE-FRANCE

fait belle dans le repos, il paraît aussi important de faire encore passer ici deux cents hommes de guerre[1]. » Dans la même lettre Talon représentait que, non seulement l’attitude des Iroquois était inquiétante pour le maintien de la paix, mais que, de plus, ces barbares faisaient un grand dommage au commerce de la colonie en allant chasser, sur les territoires de nos alliés, le castor qu’ils divertissaient ensuite vers les Hollandais et les Anglais. Il proposait comme remède un établissement sur le lac Ontario, qu’il avait déjà projeté durant sa première intendance, et demandait à Sa Majesté de donner son approbation pour la construction d’un petit bâtiment en forme de galère, capable d’aller à la rame et à la voile, et de croiser sur les eaux de cette mer intérieure, puis cent hommes et trois commissions en blanc : l’une pour le commandement du navire, les deux autres pour le commandement de deux postes qu’il faudrait occuper, au nord et au sud du lac.

Dans une pièce intitulée « addition au présent mémoire, » l’intendant revenait sur ce sujet. D’après ses informations, les Anglais de Boston et les Hollandais de Manhatte et d’Orange tiraient des Iroquois et des autres nations voisines pour plus de douze cent mille livres de castor, presque tout sec et des mieux fournis, qui alimentaient leur commerce avec les Moscovites ![2] Ce

  1. Talon au roi, 10 nov. 1670. (Arch. prov. ; Man. N. F., 1ère série, vol. I).
  2. — La citation d’un ouvrage contemporain montre quelle était l’importance du trafic des peaux de castors avec la Moscovie : « Il se porte de France en Moscovie du castor du Canada, mais il faut qu’il soit neuf c’est-à-dire qu’il n’ait point été porté par les sauvages, la peau mince, le poil long et serré ; les Moscovites tirent les laines du castor qu’ils reven-