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JEAN TALON, INTENDANT

avec impatience de vos nouvelles. Je vous supplie de m’en donner le plus souvent que vous pourrez et de recommander au sieur Talon d’en prendre soin[1]. » C’est donc au milieu des camps et des troupes en campagne que Jean Talon commence sa carrière de fonctionnaire. Il remplit la charge de commissaire des guerres en Flandre ; il agit comme intendant à l’armée de Turenne, dont l’adversaire n’est autre que le grand Condé, passé au service de l’Espagne. La lutte entre ces deux illustres capitaines est féconde en surprises, en mouvements rapides, en attaques subites, en combats acharnés, en manœuvres savantes. À travers toutes ces péripéties, l’administration militaire a sa large part de labeurs, de responsabilité et de périls. Jean Talon y manifeste des qualités qui le signalent à la faveur de Mazarin.

Après la prise du Quesnoy, petite ville du Hainaut, par Turenne, le 6 septembre 1654, il y est nommé commissaire. À ce moment on commence à l’appeler « M. Talon du Quesnoy », pour le distinguer de son frère Philippe. Ainsi au sujet de pionniers pour les travaux d’un siège, le cardinal informe Turenne qu’il écrit à M. de Roncherolles et à « M. Talon du Quesnoy. » En 1655 il monte en grade et devient intendant du Hainaut. La correspondance entre lui et le cardinal est très active. Il ne nous semble pas hors de propos d’en donner ici quelques extraits. Au mois de juillet 1656, l’armée royale est forcée de lever le siège de Valenciennes. Talon remplit le désagréable devoir d’en avertir sans retard le ministre. « Quoiqu’il soit fâcheux, » écrit-il, le 16 juillet, à 8 heures du matin, « de donner le

  1. Lettres de Mazarin, VI, p. 362.