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JEAN TALON, INTENDANT

rent ravager quelques cabanes de Tsonnontouans. Ces actes d’hostilité produisirent beaucoup de fermentation dans les cinq cantons. De tous côtés on parlait de déterrer la hache. La guerre entre les tribus pouvait éclater d’un moment à l’autre, et les Français, amis des Outaouais, couraient le risque d’y être impliqués. Dans ces conjonctures, Garakonthié rendit encore à la Nouvelle-France un signalé service. Il envoya des colliers de porcelaine à toutes les nations iroquoises pour arrêter les bandes prêtes à partir, et convier les cantons à dépêcher des ambassadeurs auprès d’Ononthio afin de lui soumettre leurs différends. Cette intervention réussit. Les délégués iroquois descendirent à Villemarie, où s’étaient aussi rendus environ quatre cents Outaouais. Mais M. de Courcelle n’avait pas voulu quitter Québec, convaincu qu’il était plus politique de forcer les sauvages à venir le trouver dans la capitale même de la Nouvelle-France. Les représentants des diverses tribus y arrivèrent vers la fin de juillet. Il y eut assemblée générale, en présence du gouverneur, trois jours de suite. La première assemblée se passa en compliments. La seconde fut consacrée aux plaintes des Outaouais. Ils protestèrent de leur soumission aux ordres d’Ononthio, représentant, d’autre part, que les Iroquois, loin de suivre leur exemple, avaient attaqué leurs alliés et fait une centaine de captifs. Ils prièrent le gouverneur de tenir sa promesse en punissant ceux qui avaient violé la paix. Le troisième jour, M. de Courcelle prit la parole. Il rappela à ses sauvages auditeurs le châtiment sévère infligé par lui à quelques Français, « ses propres neveux, » mis à mort pour avoir assassiné un chef iroquois ; on ne devait donc point douter qu’il ne fît justice des peu-