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DE LA NOUVELLE-FRANCE

courtoise. Le « méchant écolier » ne laissa pas que de faire excellente figure dans le monde. Une fois ses études terminées, il entra de bonne heure dans la carrière administrative, grâce à ses relations de famille.

Un de ses frères aînés, Philippe, avait embrassé le parti de Mazarin, durant les troubles de la Fronde. En 1649, le cardinal écrivait au duc d’Épernon, commandant d’un corps de troupes : « J’ai songé, depuis ma lettre écrite, à une personne qui est à moi, fort intelligente, pour vous bien servir dans la fonction d’intendant de l’armée, qui est le sieur Talon, qu’on fera partir la semaine où nous allons entrer, et un officier d’artillerie[1]. » On voit par la correspondance de Mazarin qu’il confiait à Philippe Talon beaucoup d’affaires et qu’il comptait sur son zèle et ses capacités. Ce fut probablement sous les auspices de son frère que Jean Talon entra dans l’administration militaire vers 1653. Nous lisons le passage suivant dans une lettre de Mazarin à Letellier, datée du 26 novembre de cette année : « Tout présentement vient d’arriver un des Talon, de Sainte-Menehould, pour dire au roi que les gardes sont dans la place et les assiégés dans le château, en exécution de ce qui fut arrêté cet hiver[2]. »

Dans une lettre à Turenne, du 21 octobre 1654, le cardinal mentionne « le sieur Talon le jeune. » « Il ne me reste rien à ajouter à ce que le sieur Talon le jeune vous aura dit de ma part… Le roi demeurera encore demain ici et sera après demain à Paris où j’attendrai

  1. Lettres de Mazarin, publiées par M. Chéruel, dans la collection des « Documents inédits sur l’histoire de France, » vol. III, p. 426.
  2. Lettres de Mazarin, vol. VI, p. 93.