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JEAN TALON, INTENDANT

Rivières, » de diviser ceux-ci en trois ou quatre escouades, et de leur faire faire l’exercice le plus souvent possible[1]. À Montréal, M. de Maisonneuve avait formé, en 1653, la milice de la Sainte-Vierge, et en 1663, celle de la Sainte-Famille[2]. Mais avant 1669, on ne rencontre dans nos vieilles archives aucune ordonnance, aucun règlement ayant le caractère de ces instructions précises données par Louis XIV à M. de Courcelle.

Dans cette lettre du 3 avril, le roi recommandait aussi au gouverneur d’armer tous les deux ou trois ans un corps de 1200 hommes pour aller faire une démonstration militaire du côté des cantons iroquois. Suivant les expressions d’une lettre de Colbert, il importait « d’établir dans l’esprit de ces nations une grande opinion de la nôtre, pour les contenir dans leurs devoirs »[3]. Ces instructions relatives à la milice avaient probablement été inspirées par le mémoire de Talon sur l’état du Canada, dont nous avons rectifié la date dans un précédent chapitre. Ou y lisait : « Le gouverneur visite chaque année tous les postes avancés, et y ordonne ce qu’il estime à propos pour leur sécurité et le bien du service du roi ; et s’il y a quelque chose à désirer de sa part, c’est qu’il exerce ou fasse exercer au port et maniement des armes les habitants du pays, ce qu’il n’a pas encore pratiqué, mais ce qu’il a promis de faire. Une dépense de cent pistoles, dans toute une année, mises en prix pour les plus adroits, exciterait bien de l’émula-

  1. Chronique trifluvienne, par Benjamin Suite, Revue Canadienne, 1879, p. 4.
  2. Histoire de la colonie française, par Faillon, II, p. 213, et III, p. 15.
  3. Colbert à Courcelle, 15 mai 1669.