Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
DE LA NOUVELLE-FRANCE

écrit à M. de Courcelle une lettre dans laquelle il le priait d’organiser la milice canadienne. « Mon intention, disait Louis XIV, est que vous divisiez tous mes sujets au dit pays par compagnies, ayant égard à leur proximité ; qu’après les avoir ainsi divisés vous établissiez des capitaines, lieutenants et enseignes pour les commander ; qu’en cas que ceux qui composent les dites compagnies puissent s’assembler avec facilité et s’en retourner chez eux en un jour, vous donniez les ordres qu’ils s’assemblent une fois chaque mois pour faire l’exercice du maniement des armes, et en cas qu’ils soient trop éloignés vous subdivisiez les compagnies par escouades de 40 à 50 hommes et que vous leur fassiez faire l’exercice une fois le mois ainsi qu’il est dit ci-dessus, et à l’égard des compagnies entières vous les fassiez assembler une fois ou deux l’année. Que vous preniez soin qu’il soient tous bien armés et qu’ils aient toujours la poudre, plomb et mèche nécessaires pour pouvoir se servir de leurs armes dans les occasions. Que vous visitiez souvent les escouades ou compagnies, et leur fassiez faire l’exercice en votre présence. Qu’autant qu’il sera possible vous fassiez assembler, une fois l’année, le plus grand nombre d’habitants qu’il se pourra pour leur faire faire pareillement l’exercice en corps. » Voilà le premier ordre général qui ait été rendu pour l’organisation régulière de la milice canadienne. Il y avait eu auparavant des milices volontaires au Canada. De longue date les habitants de la colonie s’étaient habitués à faire le coup de feu, et à prêter main forte aux quelques douzaines de soldats envoyés ici de temps à autre. En 1651, M. d’Ailleboust avait donné ordre à M. Pierre Boucher, « capitaine des habitants des Trois-