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DE LA NOUVELLE-FRANCE

et qui ont beaucoup contribué à la découverte et conservation de ce pays-là, s’entremettre quelquefois et dans les occasions pour les porter à adoucir cette trop grande sévérité, étant très important que les dits évêque et Jésuites ne s’aperçoivent jamais qu’il veuille blâmer leur conduite, parce qu’il se rendrait presque inutile au service du roi. » Comme nous l’avons vu dans un précédent chapitre, ce que l’on reprochait à l’évêque et aux Jésuites c’était leur zèle pour le maintien des bonnes mœurs, et surtout pour la suppression des scandales causés par la traite de l’eau-de-vie. Sur ce dernier point, Colbert faisait à M. de Bouteroue les recommandations suivantes : « Le commerce du vin et des eaux-de-vie avec les sauvages, ce qui s’appelle la traite des boissons, a été un sujet de perpétuelle contestation entre l’évêque de Pétrée et les Jésuites, et les principaux habitants, et ceux qui trafiquent en ce pays-là. L’évêque et les Jésuites ont prétendu que ces boissons enivraient les sauvages, qu’ils n’y pouvaient prendre aucune modération et que l’ivresse les rendait paresseux à la chasse et leur donnait toutes sortes de mauvaises habitudes tant pour la religion que pour l’État. Les principaux habitants et les trafiquants au contraire prétendent que l’envie d’avoir des boissons, qui sont troquées chacune, oblige les sauvages d’aller à la chasse avec plus d’application. Il faut bien examiner ces deux sentiments, et que l’intendant en donne son avis raisonné au roi. » Citons encore ce passage caractéristique des instructions de M. de Bouteroue : « Il faut empêcher autant qu’il se pourra la trop grande quantité de prêtres, religieux et religieuses, il suffit qu’il y en ait le nécessaire pour le besoin des âmes et pour l’administration des sacre-