Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
DE LA NOUVELLE-FRANCE

si considérable marque bien l’estime que Sa Majesté fait de ce pays-là, et qu’elle considérera bien les services qui lui seront rendus pour l’augmenter[1]. » Au sujet de ces envois, l’intendant de Rochefort, Colbert de Terron[2], se montra à la fois actif et économe ; et le ministre l’en félicita dans une lettre où l’on voit que son zèle était, non pas un engouement éphémère, mais la manifestation d’une politique arrêtée : « Je suis bien aise, lui disait-il, que vous n’ayez pas dépassé les fonds que je vous avais envoyés pour les personnes à passer au Canada. Vous savez de quelle conséquence il est de se contenir dans des bornes, particulièrement à l’égard d’une dépense qui doit recommencer tous les ans »[3].

Colbert avait commencé dès le 16 février à pourvoir aux dépenses de ces expéditions. On voit à cette date, dans le registre des ordres du roi, — année 1669, — une ordonnance de fonds « pour le paiement de la dépense à faire pour la levée et passage de 500 personnes de l’un et l’autre sexe au Canada, de 12 cavales, 2 étalons et 50 brebis (64,000 livres) ». Le 11 mars, le ministre adresse un billet à M. de Pelissari pour lui ordonner de remettre à son commis à la Rochelle la somme de 28,070 livres à compte de celle dont il avait été fait fonds par l’ordonnance ci-dessus. Le 29 mars il enjoint au trésorier de la marine de payer au sieur

  1. Lettres, Instructions, etc., 3, II, pp. 450, 451.
  2. — Colbert de Terron était cousin germain du ministre ; il exerçait les fonctions d’intendant de marine à Rochefort. « Il appartenait à la race des administrateurs actifs, habiles, pleins de ressources, et Colbert, sûr de son dévouement, s’ouvrait pleinement à lui et l’initiait à ses vues. » (Clément, Histoire de Colbert, I, p. 75).
  3. Lettres, Instructions, etc., 3, II, p. 451.