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JEAN TALON, INTENDANT

Paris à la fin de décembre ; dès le 3 avril 1669, le roi écrivait à M. de Bouteroue pour l’informer que M. Talon irait au printemps le relever[1]. Ce dernier dut trouver grand le sacrifice exigé de lui ; mais d’un autre côté il ne pouvait recevoir un plus éclatant témoignage de la satisfaction, de l’estime et de la confiance royales. Le renvoyer si vite, en dépit de toutes les considérations qui auraient pu faire prolonger son séjour dans la mère-patrie, c’était proclamer bien haut qu’il était l’homme nécessaire, le facteur essentiel du progrès de la Nouvelle-France. Il faut croire que ce court changement d’air et de régime avait suffisamment raffermi sa santé. Quant à ses affaires de famille, il eut le temps de les régler avant de repartir[2].

Une des preuves les plus frappantes de son influence et de son crédit, ce fut le succès qu’il remporta en faisant décréter par Colbert la liberté définitive du commerce, malgré les prétentions de la compagnie des Indes Occidentales. Le 15 mai le ministre annonçait cette nouvelle à M. de Courcelle dans les termes sui-

    plaise à Sa Majesté d’ordonner sur les articles qui suivent. » La suite de ce chapitre indiquera les principaux de ces articles. Nous mentionnerons simplement ici la demande faite par Talon que le sieur Talon de Villeneuve, son cousin germain, âgé de 35 ans, longtemps conseiller au Châtelet, et procureur du roi en la chambre souveraine du domaine, fût désigné comme son successeur, et reçut en attendant une commission de subdélégué. Pour une raison ou pour une autre, cette nomination ne se fit pas.

  1. Ordres du roi, vol. I, p. 117 Supplément Richard, p. 238.
  2. — Acte passé en commun au mois de juin 1669 par François, Jean et Nicolas Talon — Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, Pion, 1867, p. 1173.