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JEAN TALON, INTENDANT

galerie d’Apollon et que Mignard terminait la Gloire du Val-de-Grâce[1]. Pour célébrer ses conquêtes et la paix qui les couronnait, Louis XIV avait donné, le 18 juillet 1668, une fête dont la splendeur éblouit les contemporains. Cette année s’achevait dans la joie, dans la sécurité, dans la gloire, dans un rayonnement admirable de la vitalité, de la puissance et du génie français.

Colbert avait alors atteint l’apogée de son influence et de son pouvoir. Ministre des finances, ministre de la marine et des colonies, ministre de l’agriculture, ministre des travaux publics, ministre des beaux-arts, ministre du commerce[2], il tenait en ses mains, sous la direction suprême du roi, presque tous les ressorts de l’administration publique. Heureux de voir régner la paix, qui lui permettait de consacrer tous ses efforts au développement de la prospérité nationale, il souhaitait ardemment la voir durer, et c’est sous son inspiration que Boileau composait à l’adresse du roi ces vers où il exaltait les bienfaits d’un gouvernement pacifique :


Pour moi, loin des combats, sur un ton moins terrible,
Je dirai les exploits de ton règne paisible.
Je peindrai les plaisirs en foule renaissants :
Les oppresseurs du peuple à leur tour gémissants…

  1. — Pierre Mignard (1610-1695), peintre du roi ; une de ses œuvres les plus remarquables est la décoration de la coupole du Val-de-Grâce, célébrée par Molière, dont il fit le portrait.
  2. — Colbert avait reçu le titre de contrôleur-général des finances en décembre 1665 ; il fut nommé secrétaire d’État le 7 mars 1669. Au chapitre deuxième du présent ouvrage nous avons vu quelle était l’étendue de sa juridiction ministérielle.