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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Onnontagué, et le Père de Carheil à Goyogouin. Quel changement s’était opéré ! Ces féroces Iroquois, qui avaient martyrisé et mis à mort tant de missionnaires, demandaient maintenant et recevaient avec honneur les messagers de la foi chrétienne. Sans doute leurs superstitions et leurs vices opposaient encore de grands obstacles à leur conversion. Mais ils entendaient la parole de vérité ; quelques-uns finissaient parfois par y soumettre leur esprit et leur cœur. Des enfants, des femmes, recevaient le baptême, et des mourants voyaient s’ouvrir devant eux les portes du ciel. Et puis, la présence, le zèle, la vertu des missionnaires, inspiraient à ces barbares, malgré eux, le respect du christianisme et contribuaient puissamment à maintenir auprès des cantons l’influence et le prestige du nom français.

Dans une autre direction, le Père Allouez poussait ses courses apostoliques jusqu’aux extrémités du lac Supérieur, où il prêchait l’Évangile aux Outaouais, aux Tionnontatés, aux Sioux, aux Pouteoutamis, aux Outagamis, et à plusieurs autres nations. De retour à Québec après deux ans d’absence, durant lesquelles il subit mille épreuves et d’incroyables privations, il en repartit au bout de trois jours pour se jeter dans les mêmes périls.

En 1667, de nouveaux ouvriers de l’Évangile arrivèrent au Canada. C’étaient MM. de Fénelon et Trouvé, du séminaire de St-Sulpice, qui n’avaient pas encore reçu tous les ordres majeurs et qui furent ordonnés par Mgr  de Laval. L’année suivante M. l’abbé de Queylus, célèbre par ses difficultés antérieures avec ce prélat, passa dans les colonies accompagné de MM. d’Allet, de Galinée et d’Urfé, tous sulpiciens. L’évêque de Pétrée reçut avec