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DE LA NOUVELLE-FRANCE

retrouve dans ces règlements les idées qu’il appliquait là-bas[1].

Quand on considère l’œuvre accomplie au Canada par Talon et qu’on la compare à celle accomplie par Colbert en France, on est frappé des analogies qu’elles présentent. L’intendant n’était pas indigne du ministre. Pendant que celui-ci, en pleine lumière et en pleine gloire, s’affirmait par une série d’actes éclatants et d’ordonnances fameuses comme le restaurateur des finances, du commerce, de l’industrie, de la marine, celui-là, loin de la scène brillante où s’édifiaient les renommées, déployait toutes les ressources d’une intelligence supérieure pour organiser ici un système administratif et financier, pour faire entrer notre pays naissant dans la voie du progrès commercial, industriel et maritime. Talon, c’est un Colbert colonial ; ce que l’un faisait sur un vaste théâtre et avec de vastes moyens, l’autre essaya de le réaliser sur un petit théâtre et avec des ressources restreintes.

Nous venons de jeter un coup d’œil rapide sur la situation matérielle de la colonie. Elle était vraiment satisfaisante, et l’on comprend ce cri d’enthousiasme poussé par l’auteur de la relation de 1667 : « On ne peut omettre sans une extrême ingratitude, la reconnaissance qui est due tant au ministre de Sa Majesté qu’à Messieurs de la Compagnie des Indes Occidentales, qui par leurs soins et leurs libéralités, ont une bonne part au florissant état où se trouve à présent ce pays, et à l’établissement des missions, qu’on verra dans toute cette relation s’étendre à plus de 500 lieues d’ici, pour

  1. — Clément, Histoire de Colbert, vol. II, p. 84.